FRA - SNLE - S-655 "Gymnote"

S-655 "Gymnote"

Le Gymnote est le deuxième projet de sous-marins à propulsion nucléaire français. En 1960 la course à l'armement bat son plein, et la France veut se doter d'une dissuasion nucléaire crédible. La même année, la France entre dans le cercle très fermé des puissances nucléaires. Mais ce n'est pas assez pour la France. Elle veut avoir la capacité de tirer des missiles stratégiques depuis des sous-marins à propulsion nucléaire. Les américains sont presque moqueurs vis à vis de la France, ils disent que la France arrivera à mettre des missiles dans un sous-marin, qu'elle arrivera à mettre un réacteur nucléaire dans un sous-marin mais jamais les deux en même temps. Le premier SNLE est américain, c'est l'USS Georges Washington, il entre en service en 1960. Cette classe est créée en réponse aux soviétiques qui ont réussi à mettre des missiles balistiques dans un sous-marin à propulsion conventionnelle SLE. De plus, les sous-marins soviétiques doivent remonter la surface pour tirer leurs missiles mais pas l'USS Georges Washington. Alors la même année le gouvernement français veut se doter de SNLE mais français, pour reprendre le discours du Président de la République Charles de Gaulle "Un pays comme la France, s'il lui arrive de faire la guerre, il faut que ce soit sa guerre. Il faut que son effort soit son effort. S'il en était autrement, notre pays serait en contradiction avec tout ce qu'il est depuis ses origines, avec son rôle, avec l'estime qu'il a de lui-même, avec son âme".



La conception d'une classe expérimentale composée d'un sous-marin unique est décidée pour préparer le terrain et ne pas se servir des acquis américains sur le sujet. Le Gymnote fait table rase du projet précédent qui n'était que du papier. L'échec du précédent réside dans sa propulsion, un réacteur à eau lourde que les ingénieurs français n'ont pas assez réussi à compacter. Alors le choix est la propulsion classique à l'instar des Sous-marins Lanceurs d'Engins Soviétiques. Son gabarit faisait de lui le plus gros sous-marins de conception française. 83 mètres de long, 10 mètres de diamètre et une immersion maximale de 250 mètres. Il sort du chantier naval de Cherbourg en 1966 et reste en service pendant 20 ans. En effet, il ne sert pas que pour les futurs SNLE mais aussi pour ceux d'après.

C'est un véritable laboratoire pour la Force Océanique Stratégique. Il devait répondre à deux problématiques; la première, comment tirer des missiles balistiques en immersion ? Et la seconde : comment faire en sorte que le sous-marin reçoive l'ordre de tir alors qu'il est une centaine de mètres sous la mer ? Les enjeux de la propulsion du missile qui a une phase aquatique. Pour y remédier, le missile possède des étages comme ceux d'un lanceur comme les Arianes. 2 ou 3 étages composent l'ensemble des missiles balistiques français. Ils utilisent un carburant solide, du propergol, ce qui permet le lancement dans un milieu aquatique, et pour aider le missile, quand la trappe s'ouvre, l'air contenu dans le silo chasse le missile et crée une bulle d'air autour de lui permettant la mise à feu. Le poids du missile est remplacé par l'eau de manière égale donc l'air reste bien autour du missile. Ensuite l'eau a un problème, c'est un milieu trop dense pour permettre la pénétration d'ondes électromagnétiques, sauf pour les Très Basses Fréquences (VLF) qui le peuvent sur quelques mètres. Donc un récepteur est tracté sur plusieurs kilomètres par le sous-marin en permanence pour assurer en permanence la réception de l'ordre de feu.



L'équipage du Gymnote est composé de 91 personnes, notamment du personnel de la Direction Nationale de l'Armement (DGA). Il participe à trois campagnes de tirs entre 1966 et 1971 (mise en service du Redoutable). D'abord équipé du missile M12 et ensuite à partir de 1982 du missile M4. Le sous-marin est équipé de 4 tubes verticaux pour ces missiles et simuler le comportement du sous-marin avec plusieurs tubes, l'équilibrage après un tir, etc… En 1986 il est condamné car devenu obsolète. Il a permis les tirs de 130 missiles ce qui est énormément plus que tous les tirs réunis des 10 prochains SNLE sur 50 ans.

Armement

Missiles expérimentaux

Le Gymnote a participé à l'élaboration du Missile M1 qui armera les Redoutable. Il a tiré de multiples prototypes comme les S112, M112, S01, S02, M012 et M013.

Missile M20

Le Missile M20 a été testé sur le Gymnote avant son déploiement sur la Classe le Redoutable. C'est le dernier missile à tête nucléaire unique utilisé par la France. Ce missile de 20 tonnes fait 10 mètres de haut et 1,5 mètre de diamètre. Sa portée est assez faible, 3000 km ce qui expose le sous-marin lors d'un tir. Il est propulsé par un moteur-fusée à carburant solide, le polybutadiène hydroxytéléchélique. Sa précision est de l'ordre du kilomètre. Il est composé de deux étages, le premier pèse 9,86 tonnes et est contrôlé par poussée vectorielle avec 4 tuyères. Il brûle pendant 58 secondes avant de se séparer pour passer le relais au second étage. Celui-ci pèse 5,9 tonnes, brûle pendant 90 secondes et possède une tuyère. Le système de guidage est inertiel, le sous-marin donne les coordonnées de mise à feu au missile qui prendra le relais. Enfin, le missile est armé par la tête TN 60 (MR-60 ou 61) d'une puissance de 1,2 Mt. Il équipe 5 des 6 SNLE.

Caractéristiques techniques

Classe	Gymnote
Navires de la classe	S-655 "Gymnote"
Chantiers Navals	Cherbourg
Longueur	84 mètres
Largeur	10,6 mètres
Tirant d'eau	7,6 mètres
tirant d'air	au moins 30 mètres mât sorti
Déplacement en surface	3000 tonnes
Déplacement en plongée	3250 tonnes
immersion maximale	>100 mètres
Propulsion	2 diesels électriques avec batteries du même type que les Daphné, 4x1300cv
Vitesse max en plongée	10 kt
Rayon d'action	?
Armement	4 Missiles Balistiques "M12" ou M20
Équipage	91 membres d'équipage