FRA - SNLE - Classe Le Redoutable
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FRA - SNLE - Classe Le Redoutable
Classe "Le Redoutable"
La géopolitique mondiale est rythmée par la guerre froide, et la doomsday clock qui ne cesse de se rapprocher de minuit (minuit=guerre nucléaire). Dans les années 50, la France a montré son intérêt pour rentrer dans le cercle très fermé des puissances nucléaires et elle y parvient en 1960 avec son premier essai, Gerboise Bleue, dans le Sahara algérien. La doctrine française était sur terre et dans les airs. Les missiles balistiques au plateau d'Albion, et les bombes atomiques avec les Mirages IV. Mais il manquait un maillon pour que la dissuasion nucléaire soit crédible, un maillon qui même si la France est anéantie, peut frapper l'ennemi. C'est ainsi que la France veut se doter de Sous-marins Nucléaires Lanceurs d'Engins à l'instar des Américains et Soviétiques. Pour ce faire, la France a mené deux projets de SNLE, le premier qui n'est resté qu'au stade de papier car beaucoup trop compliqué, puis le second qui s'est concrétisé par la création du sous-marin Gymnote. Le Gymnote va apporter son héritage, par les silos, la communication et les missiles. L'apport des SNLE va permettre la fameuse Triade Nucléaire Française qui va donner un poids géopolitique sans précédent à la France. Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'arrivée des SNLE n'est pas semblable à celle des SNA qui eux avaient des installations adaptées juste à rénover. Les SNLE ont besoin d'une multitude d'équipements autour d'eux pour pouvoir fonctionner : une base dédiée, des centres de transmission, des frégates anti-sous-marine, des frégates Anti-Aériennes, des avions de patrouille maritime, des SNA, la gendarmerie maritime… Ce qui veut dire que la Marine Nationale va graviter autour de deux foyers, le Porte-Avion Charles de Gaulle, et la Force Océanique Stratégique.
Avant le commencement de la construction, les travaux préliminaires. Pour commencer, la propulsion pose de gros problèmes aux ingénieurs français. Pour rappel, la France a essayé de créer un réacteur à eau lourde qui nécessite de l'uranium naturel car elle ne possède pas d'uranium enrichi. C'est un échec car le Q-244, qui aurait dû être le premier SNLE français était beaucoup trop gros et son réacteur peu performant. Donc le gouvernement américain accepte de céder 440kg d'uranium enrichi à la France mais uniquement à Terre. Les américains veulent garder l'exclusivité à l'Ouest de la propulsion nucléaire navale. Alors la France via le CEA (Commissariat à l'Énergie Atomique) créée en son sein la Direction des Applications Militaires (DAM) qui prend en charge le développement du réacteur nucléaire pour le Redoutable. Les travaux finis, le gouvernement fait construire en 1959 une usine d'enrichissement d'uranium à Pierrelatte. Parallèlement la Société d'étude et de réalisation d'engins balistiques (SEREB) met au point les missiles balistiques Sol-Sol et Mer-Sol en collaboration avec le Groupe des Engins Balistiques (GEB) du Ministère de la Défense. Tout celà étant mené en secret, la France concrétise officiellement sa volonté de doter la France d'une flotte de SNLE, le 2 mars 1963 en signant la commande des Redoutable.
Quatres projets avancent conjointement, la Classe Le Redoutable, le développement du Missile M1 dont nous reparlerons, et deux projets pour les missiles balistiques Sol-Sol qui eux aussi partagent des similitudes avec le M1. Pour coordonner les industriels, et les militaires ainsi que le gouvernement, la Délégation Ministérielle de l'Armement DMA (ancêtre de la DGA) est créée. C'est l'Organisation Cœlacanthe. C'est le nom donné au nuage d'industriels travaillant sur le SNLE. Il y a les architectes du sous-marin DCAN (Direction des Constructions et Armes Navales ancien nom de Naval Group)/DMA, architectes de la propulsion nucléaire CEA/DPN, et les autres acteurs GEB, SEREB, État-Major de la Marine, Gouvernement Français,... Mais nous n'avons pas encore parlé des coûts. En effet la dissuasion nucléaire est ce qui occupe la plus grande part du budget alloué aux armées. En 1967, 1% du PIB est consacré à la dissuasion nucléaire, 50% du budget de la Défense. C'est colossal pour un pays comme la France.
La conception du Redoutable est orchestrée par André Gempp ingénieur à la DCAN. Il a respecté un cahier des charges très exigeant : immersion de plusieurs centaines de mètres, vitesse en plongée supérieure à 20 kt, un équipage de 130 personnes, avec le confort pour tenir 2 mois en plongée, 16 missiles balistiques de 20 tonnes chacun, et un système pouvant calculer avec précision les coordonnées du sous-marin. Le défi est de taille pour DCAN, ce sont les plus gros sous-marins construits à Cherbourg, 3 fois plus lourds que les Narval. Un nouvel acier est utilisé pour alléger le sous-marin, c'est le même que celui qui forme le blindage des navires de surface. La construction du premier SNLE commence fin 1964, sur des cales inclinées. Le lancement et mise à l'eau du Redoutable débute en 1967 en présence du Président de la République Charles de Gaulle. La construction se termine en cale sèche.
Parallèlement en 1963, commence le développement du missile M1. Le cahier des charges est là aussi très exigeant : 2500 km de portée, 16 missiles par sous-marin, 700 kg de charge atomique et possibilité d'être tiré en mouvement en immersion. La France part d'une feuille blanche également pour la conception de ce missile. La SEREB lance un imposant programme pour mettre au point le missile M1 composé de plusieurs fusées expérimentales avec Aigle, Agate, Rubis, Topaze, Émeraude, Saphir et Diamant A. Ce programme est civil et militaire, il permet d'une part la conception des missiles M1 et S3, et également du premier lanceur spatial français, Diamant. Il y a aussi un gros problème concernant la conception d'une centrale inertielle très précise pour permettre le guidage du missile avec précision et éviter qu'il ne bave trop autour du point d'impact. SAGEM est l'industriel en charge de sa conception qui va recevoir un budget équivalent à celui pour la conception du réacteur nucléaire. Cette centrale inertielle est validée par la réussite des lancements de Saphir et Diamant. Électronique Marcel Dassault (EMD) prend en charge le système de guidage.
Pour maintenir une dissuasion crédible, la France décide d’avoir en permanence 3 SNLE en patrouille, ce qui veut dire que la Marine Nationale a besoin de 6 SNLE, 3 en mer, 1 à l’entrainement, 1 en maintenance courte durée et 1 en maintenance longue durée.
La coque de ces sous-marins est en acier 80 HLES (Haute Limite d'Élasticité Soudable. 80 veut dire que si l'on fabrique un fil de section 1mm avec cet acier il conserve son élasticité jusqu'à 80 kg de poid suspendu. S'il ne conserve pas son élasticité l'acier se déforme sans revenir à l'état initial. Celle-ci peut leur permettre de plonger à 300 mètres de profondeur en toute sécurité. Son déplacement est inédit, 8000 tonnes en surface, 9000 tonnes en plongée. Cette coque est découpée en 24 tronçons soudés entre eux de 200 tonnes chacun. Elle est épaisse de 50mm pour résister à un maximum de 750 mètres de profondeur. Les Redoutable sont découpés en 7 tranches A, B, C, D, E, F, G. Une tranche est étanche individuellement en cas d'envahissement d'eau. Contrairement aux bâtiments de surface les tranches sont inversées G à la proue et A à la poupe. A et B pour la propulsion, C pour le réacteur, D pour la gestion de l'oxygène, E pour les missiles, F pour le Central Opération et la vie courante, G pour la tranche torpilles.
La propulsion est assurée par un réacteur nucléaire de 100MW délivrant 16 000 cv au niveau de l'hélice. Il est situé dans la tranche C qui fait 8 mètres de long pour 700 tonnes. Le combustible nucléaire est changé tous les 15 ans via une brèche dans la coque au-dessus.
Les Redoutable sont équipés de nombreux systèmes de sonars. Le sonar DUUV est un sonar actif de veille ou d'attaque dont l'antenne principale, cylindrique et de grande taille, est située à l'avant du sous-marin. Une deuxième antenne située sur l'arrière du massif couvre le secteur arrière mais avec une restitution médiocre car le son émis par la propulsion du sous-marin vient se superposer aux bruits observés. Ce sonar fournit à la fois l'amplitude et le gisement de la source sonore.
Le DSUV est un sonar passif basse fréquence moyenne portée dont l'antenne se situe dans l'étrave entre la base de l'antenne du DUUV et les tubes lance-torpilles.
Le télémètre acoustique DUUX est constitué de trois détecteurs qui permettent de déterminer l'azimut et la distance d'une cible par triangulation.
Le sonar remorqué (écoute très basse fréquence) DSUV est constitué d'un grand nombre d'hydrophones fixés sur un long câble tiré par le sous-marin.
Le QSUA permet de surveiller les bruits émis par le sous-marin grâce à des détecteurs répartis près des sources sonores du bord.
Le sous-marin dispose également de sonars utilisés pour la navigation dont les données sont restituées sur la cloison avant du PCNO à portée visuelle du poste de pilotage : l'AN/UQN est un sondeur grand fond, l'AN/BQS détecte les glaces, les icebergs et les polynies et le NUUS mesure l'amplitude et la direction de la houle avant le tir des missiles.
Le rythme de vie à bord du sous-marin est le même que pour les Rubis. 2 équipages (bleu et rouge) composés de 135 hommes chacun se relayant tous les 70 jours (en fonction des besoins de la marine). La vie d'un équipage suit le même déroulement à chaque fois. Premièrement l'entraînement à terre quand le sous-marin est entre les mains de l'autre équipage, ensuite ce dernier en revenant de mission va aider l'équipage servant d'exemple à remettre sur pied le navire quelque temps. Suite à ça le sous-marin part dans en cale sèche pour des grosses maintenances. Ensuite le "bateau noir" fait ses essais à la mer, puis reviens faire les dernières maintenances à quai. Et après une période d'entraînement pas plus longue d'une semaine maximum en général, le sous-marin appareille pour sa mission entre 2 à 6 mois. Une fois revenu l'équipage aide le suivant à le prendre en main et rendre compte de son état. Et pour finir l'équipage part en vacances. Chaque membre de l'équipage a le droit de recevoir une fois par semaine un unique message de ses proches qui doit être limité à quelques dizaines de mot (le « familigramme ») et qui passe par la censure du commandant. En patrouille, le SNLE n'émet jamais pour ne pas être détecté. Le commandant doit connaitre la position du sous-marin avec une très grande précision car celle-ci joue un rôle critique dans la précision de la trajectoire de ses missiles : une erreur d'une minute en latitude se traduit par un écart d'un kilomètre à l'impact du missile. Cette position est actualisée de manière continue grâce à des centrales inertielles. Or, celles-ci dérivent avec le temps (essentiellement en longitude) et il est nécessaire de les recaler. Pour déterminer sa position exacte, le commandant fait remonter le sous-marin à profondeur périscopique et utilise un système de visée astrale installé sur la tête d'un périscope pour relever la position d'une ou de plusieurs étoiles. Cette manœuvre est réalisée le moins souvent possible, car elle accroît le risque de détection (cette manœuvre deviendra plus rare car la dérive des centrales à inertie ira en décroissant avec les progrès technologiques)
Installations à terre
La mise en œuvre d'une flotte de SNLE nécessite des installations à terre. Trois centres sont construits pour transmettre l'ordre de tir 24h/24 7j/7 aux SNLE en mer, ils sont au nombre de 4. Il y a le Centre de Transmissions Marine de Rosnay ouvert en 1971 situé dans l'Indre. C'est une station d'émission radio très basses fréquences (VLF). Le site est maillé de 23 km de routes. Le bunker est composé de deux portes d'entrées blindées pesant chacune 40 tonnes. Il mesure 70 m de long, 70 m de large et 15 m de haut. 830 000 m3 de terre, 3 000 tonnes de ferrailles et 70 000 tonnes de béton ont été nécessaires à sa construction, entre 1966 et 1970. De plus, quatre groupes électrogènes assurent la continuité de l'alimentation électrique en cas de coupure de courant. En cas de conflit, 40 hommes pourraient y vivre pendant dix jours en autonomie complète. Le Centre est composé de 13 pylônes répartis en forme hexagonale de 2 km de diamètre. 6 font 270 mètres de haut, 6 autres 210 mètres de haut et le central 357 mètres de haut. Ce pylône est la plus haute structure de France. Ces pylônes émettent des signaux horaires et de synchronisation sur 18,3 kHz, 21,75 kHz et 22,6 kHz pour l'entraînement. Pour sa sécurité la compagnie de Fusilier Marin Le Sant avec 15 chiens. Une Brigade de Gendarmerie Maritime également. Ainsi que des dispositifs anti-chars, 8,5 km de clôtures électrifiées et un système de vidéo surveillance. 190 personnes y travaillent dont 13 civils. 50% du personnel travaille à la protection du site.
Le Centre de Transmissions Marine de Sainte assise est créé en 1920. C'était l'émetteur le plus puissant du monde à l'époque, 1 kW. L'émetteur est vendu à la Marine Nationale en 1991. Le centre possède 12 pylônes de 250 mètres en Très Basse Fréquence (VLF). Il est protégé par la Compagnie de Fusilier Marin Morel.
Le Centre de Transmissions Marine de Kerlouan est créé en 1974 en Bretagne. Il est composé d'une seule antenne de 310 mètres de haut qui émet en Très Basse Fréquence (VLF) ce qui en fait de la plus haute structure bretonne. Il est protégé par une brigade de gendarmerie maritime.
Le Centre de Transmissions Marine France Sud (Villepinte) est construit en 1973. Il est divisé en deux zones, la première émet en >HF pour Syracuse III et IV, la constellation de satellites utilisée pour les communications militaires. La seconde émet en Très Basse Fréquence (VLF). Son antenne de 330 mètres de hauteur se nomme SOLFERINO Station d'Onde LF d'Emission Radio Implantée eN Occitanie. Il est protégé par la Compagnie de Fusilier Marin Colmay.
Les CTM étant le premier maillon de la chaîne de communication des ordres de frappe, le second en cas de destruction de ces derniers est 4 C160H Transal Astarté en service de 1985 à 2001. Astarté vient de Avion STAtion Relais de Transmissions Exceptionnelles. L'avion tracte une antenne VLF américaine. Ils sont dérivés du C160 NG. Ils font partie de l'escadron avion 00.059 Astarté (1/59 Bigorre) basé à la BA105 d'Évreux. Ils dépendent du COTAM (COmmandement du Transport Aérien Militaire) et mis à disposition des FAS (Force Aérienne Stratégique). Ils ont au total volé 27 000 heures et réalisés 850 émissions pour les SNLE. l'équipage est composé de 7 personnes, 2 pilotes, 1 mécanicien navigant, 1 technicien, 1 treuilliste, 2 marins pour le contrôle de la transmission. Les missions peuvent durer entre 6 et 15h. En fonction de la fréquence à émettre l'antenne est plus ou moins sortie, ce qui détermine l'altitude minimale de l'orbite (calculée ainsi : 80 % de la longueur d'antenne sortie en pieds + 2 000 pieds).
Mais l'installation la plus importante était la Base Navale qui accueille les Redoutable. En 1965, le Général de Gaulle alors en visite pour l'inauguration de l'École Navale (Lanveoc) officialise le choix de l'Île Longue voisine pour accueillir les SNLE. Pourquoi ? La presqu'île est proche de l'Arsenal de Brest (Base Navale de Brest) et suffisamment éloignée en cas d'incident majeur incluant du nucléaire. Elle est facile à contrôler et protéger car elle est totalement ou presque entourée d'eau. Les inconvénients sont ; la distance de 20km à parcourir avant de quitter la Rade de Brest et la mer d'Iroise pour rejoindre l'Océan Atlantique. Il faut 250 km pour quitter le plateau continental du Golfe de Gascogne. Celui-ci a une profondeur maximale de 200 mètres ce qui est inférieur à la profondeur de plongée maximale du sous-marin, et le sous-marin quitte ses remorqueurs à partir de la mer d'Iroise.
En 1967 commence un chantier absolument titanesque et contre la montre. 5 ans pour sortir de terre la Base Navale des futurs SNLE. Considéré comme le plus grand chantier d'Europe, il va être mené par 3 500 ouvriers. 300 000 m³ de béton, 6 000 tonnes d'acier, 110 Ha de plates-formes, 11 000 m² de quais. Des chiffres dignes du voisin outre-Atlantique qui donnent le vertige. 30 Ha vont s'ajouter aux 90 Ha naturels de la presqu'île. 2 bassins de radoub sont creusés, c'est la zone militaire la plus sensible de France ce qui lui vaut la dénomination ZDHS sur tout le périmètre. Une base militaire est composée de zones comme une brique, il y a la zone non close, qui ne possède ni murs, ni checkpoint. Dans celle-ci il y a la zone close, la zone close qui est emmurée avec checkpoint. Ensuite la zone protégée qui est emmurée également mais accessible à un certain personnel. Enfin la ZDHS Zone de Défense Hautement Sensible accessible à une poignée de personnes. Pour finir une blockhaus central de 100 000 tonnes de béton précontraint est construit en cas d'incident avec un missile. 1500 personnes travaillent à l'Île Longue.
Caractéristiques techniques
Dernière édition par furieux le Lun 8 Mai 2023 - 19:00, édité 1 fois
furieux- Hauptmann
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Re: FRA - SNLE - Classe Le Redoutable
Armement
Torpilles L5
La DCTN L5 est une torpille de 930 kg longue de 4,4 mètres pour un diamètre de 533 mm. Elle emporte une charge explosive de 150 à 200 kilogrammes. Sa vitesse est de 35 nœuds et sa portée est de 9,5 kilomètres.
Torpille F17
F-17 : Les F-17 sont des torpilles construites par DTCN (Directions des Constructions Navales) à partir des années 70. Elles sont propulsées par des batteries à l’oxyde d’argent (qui ne sont pas encore sur le marché civil) qui entraînent deux hélices contre rotatives pour empêcher le roulis induit et maintenir un cap. Son gabarit est imposant avec ici 6 m de long et 900 kg. Leur portée connue est de 18 000 m à 35 kt et 29 000 m à 24 kt. La grande innovation de cette nouvelle torpille c’est qu’elle est filoguidée avec des sonars passifs. C'est-à-dire qu’un opérateur guide la torpille à l’aide d’un très long câble de cuivre (cinquantaine de kilomètres). Pour l’aider à trouver le but (la cible) la torpille écoute les sons émis par le but et ainsi l’opérateur peut diriger la torpille efficacement. Ce type de guidage est la norme actuelle.
Missile Mer-Mer SM-39 Exocet
Cette version de l'exocet est tirée depuis un sous-marin. Le missile est contenu dans une capsule qui sert de torpille, les coordonnées du but sont pré-enregistrées. La capsule est tirée, va vers l'objectif puis sort de l'eau en suivant un angle de 45°. Le missile est éjecté et prend le relais jusqu'à atteindre une altitude de 3 mètres. À 15 km de la cible, le radar actif commence son balayage et guide l'exocet. Ce missile mesure 5,21m de long, pour 1m d'envergure et 750kg.
Missile Mer/Sol M1
Le Missile M1 est le premier missile balistique sous-marin français. Il est mis en service en 1971 sur le Redoutable et le Terrible. L'histoire du missile est déjà racontée plus haut alors nous allons directement aux caractéristiques. Le Missile M1 est un missile fonctionnant comme un lanceur de satellites mais avec 2 étages. Ceux-ci utilisent du propergol solide comme carburant. Le Missile est doté d'une seule tête nucléaire MR-41 de 500 kt, soit 25 fois Little Boy. Il pèse 20 tonnes et a une portée de 2 500 km. Sa carrière est très courte car le missile a une portée trop courte. Le problème étant que le sous-marin doit être soit en mer de Norvège, soit dans le golfe de Gènes pour tirer sur Moscou. Mers très fréquentées et surtout situées sur les plateaux continentaux donc profondeur limitée. de Rita 2 est compliquée notamment au niveau de la protection thermique de la tuyère. Le M2 est entré en service en 1974 sur le Redoutable et Le Terrible.
Missile Mer/Sol M2
En 1958 la Marine Nationale demandait déjà 3 000 km de portée, alors en parallèle du M1 on prépare déjà le M2. Pour répondre aux besoins de la Marine, le deuxième étage du M1 Rita 1 voit sa quantité de carburant augmenter de 2 tonnes. Mais la mise au point de Rita 2 est compliquée notamment au niveau de la protection thermique de la tuyère. Le M2 est entré en service en 1974 sur le Redoutable et Le Terrible.
Missile Mer/Sol M20
Le Missile M20 est tout ce qui peut se faire de mieux pour un missile à deux étages et une tête nucléaire. Il mesure 10 mètres de long, son poid de 20 tonnes. Sa portée était légèrement supérieure à 3 000 km et sa précision de l'ordre de 1 000 mètres. Le premier étage est contrôlé par poussée vectorielle grâce à quatre tuyères, le second par une seule. Le carburant est constitué de polybutadiène hydroxytéléchélique. Celui du premier étage pèse 9,86 tonnes et brûle pendant 58 secondes et celui du second pèse 5 900 kg et brûle pendant 90 secondes. Le système de guidage est inertiel. Sa tête nucléaire est nouvelle et redoutable par rapport à ses grandes sœurs. Les MR-60 et MR-61 font 1,2Mt, ce qui est 60 fois plus que Little Boy, mais 41 fois moins que la Tsar Bomba Soviétique. Le M20 est mis en service en 1977 et progressivement remplacé à partir de 1985 pour disparaître en 1991. Il équipe le Redoutable, le Terrible, le Foudroyant, l'Indomptable et le Tonnant.
Missile Mer/Sol M4
Le développement du Missile M4 débute en 1973 en plus des M2 et M20. Le responsable du projet est Jacques Chevalier, directeur des applications militaires au Commissariat à l'Énergie Atomique CEA (aujourd'hui un bâtiment tête de sa classe porte son nom, les Bâtiments Ravitailleurs de Forces BRF Jacques Chevalier). Les missiles sont dotés de 3 étages et de têtes multiples sous forme de ruches. Ses dimensions sont 11,5 mètres de long, et 1,9 mètres de diamètre. Il occupe tout l'espace disponible dans les tubes ce qui pousse les industriels à refondre les Redoutable pour accueillir le M4 à l'exception du Redoutable. Ce gain en dimension et étage à deux conséquences, la première une portée de 5 000 km, la deuxième un poid de 35 tonnes. Seul l'Inflexible sera construit dès le départ pour porter le M4, les autres sont refondus. Il y a deux versions du M4, le M-4A et le M-4B, les seules différences sont la portée (4000 km M-4A, 5000 km M-4B) et la tête nucléaire (M-4A TN-70, M-4B TN71 de 150 kt chacune). Il est en service jusqu'en 2005 sur le Terrible, le Foudroyant, l'Indomptable, le Tonnant et l'Inflexible. Il embarque 6 têtes nucléaires de 150 kt chacune, pourquoi ce changement de stratégie ? Le but n'est plus de raser une région mais plusieurs zones stratégique, un missile à 6 têtes est en réalité 6 missiles de 150 kt en 1.
6 têtes nucléaires MR70 de 150 kt |
Lanceur refondu |
Le Terrible L'Indomptable Le Foudroyant Le Tonnant L'Inflexible |
Dernière édition par furieux le Mar 9 Mai 2023 - 18:05, édité 1 fois
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Re: FRA - SNLE - Classe Le Redoutable
S-610 "Le Foudroyant"
Le Foudroyant est le 3ème Redoutable en service. Il est admis au service actif en 1974. Équipé à l'origine de missiles M20, il subit une refonte de son système d'armes de dissuasion de 1990 à 1993, ce qui lui permet par la suite d'emporter des missiles M4. Il est retiré du service actif et désarmé le 30 avril 1998. Il est démoli en 2021.
S-611 "Le Redoutable"
Le Redoutable est le premier SNLE français, et l'assurance vie de la France. Il est commandé 1963 à DCN et entré en service en décembre 1971. Bien que terminé, le Redoutable attend l'ouverture de la Base Navale de l'île longue pour commencer ses patrouilles. En attendant il est à quais à la Base Navale de Brest. En 1971 il rejoint sa base. 15 ans du Redoutable a coûté à lui seul 90 milliards de Francs. Le 29 mai 1971, le premier tir d'un missile stratégique M1E a eu lieu à partir du Redoutable en plongée. Il appareille pour sa première patrouille le 28 janvier 1972 qui dure 55 jours. En 20 ans de service, il a effectué 51 patrouilles, 3 469 journées en mer, et 83 500 heures de plongée (soit 11 ans à la mer dont 10 en plongée). Le Redoutable a été retiré du service actif le 13 décembre 1991 et condamné le 24 juillet 1992. Avant son retrait du service actif et après enlèvement des missiles balistiques, il effectua une escale avec relève d'équipage à Dakar en avril 1991 soutenu par le TCD Orage (opération Jubarte, pour tester grandeur nature une relève d'équipage loin des bases). Ce fut la seule escale en terre africaine de l'histoire des SNLE français. Le 7 octobre 1991, Le Redoutable revient sur la base du port militaire de Cherbourg, où son constructeur, la direction des constructions navales, se lance dans son démantèlement qui durera un peu plus de deux années. Dans le courant de l'année 1993, la tranche réacteur est séparée du reste du sous-marin puis entreposée pour quelques dizaines d'années sur une aire antisismique spécialement aménagée et protégée dans la zone militaire du Homet avant stockage définitif sur un site de l'ANDRA. Le Redoutable est aujourd'hui un navire musée à la Cité de la Mer de Cherbourg.
S-612 "Le Terrible"
Le Terrible est le second sous-marins de la classe le Redoutable, il entre en service en 1973. Étant un SNLE, les patrouilles sont les mêmes et se ressemblent mais le Terrible a une particularité, c'était le seul à avoir un baby-foot dans le bord ! Et aussi le seul a avoir vu la naissance de poussins. "surtout lorsqu’il voit les photos avec les poussins nés en février 1982... des œufs ramenés par Loulou et qui avaient "incubés" au PC diesels de la tranche D… ". Il est désarmé en 1996.
S-613 "L'Indomptable"
Le Foudroyant est le troisième bâtiment de la classe. il entre en service en 1974. Il est refondu M4 entre 1990 et 1993 et retiré du service en 1998. Il est déconstruit entre 2021 et 2022.
S-614 "Le Tonnant"
Le Tonnant est le 5ème navire de la classe. Il entre en service en 1977. En novembre 1981 le premier ministre Pierre Mauroy y passe deux nuits et un jour. En 1987 le Tonnant est refondu M4. La même année le 14 mai 1987 un trou béant est constaté sur le massif du Tonnant, la porte et les charnières ont été arrachées, la coque cabossée. L'accident est imputé à un banc de cétacés, mais la date correspond à l'accident du chalutier de Concarneau La Jonque, qui sombre corps et âmes ce même jour au large d'Ouessant. Le Tonnant participe en juillet 1994 et mai 1999 à des exercices Pilou au large de Brest, qui consistent à simuler le sauvetage d'un équipage de sous-marin en détresse, par l'intermédiaire d'un petit sous-marin de sauvetage, un DSRV de la classe Mystic, appartenant à l'United States Navy. Il sert de porteur au DSRV qui s'amarre au sous-marin "Bévéziers" de la classe Agosta. Le Tonnant est désarmé en 1999. Il est le premier à être démantelé en 2018. 87% de la masse du sous-marin sera recyclée, dont notamment 1 500 tonnes d’acier spécial, 2 000 tonnes d’acier ferreux, 1 000 tonnes d’aciers non ferreux, de cuivre et d’acier inoxydable, et 800 tonnes de plomb. La masse de déchets amiantés est estimée à 210 tonnes.
S-615 "L'Inflexible"
L'Inflexible est le dernier de la classe, lancé en 1985. Le sous-marin bénéficie d'une nouvelle conception avec la recherche d'une plus grande discrétion acoustique. Les formes de coque sont modifiées et un nouveau gouvernail est conçu. La propulsion et l'usine électrique sont plus silencieuses. Le système de traitement de l'information est constitué de calculateurs en pool et utilise des communications numériques. Le système d'armes tactiques est doté d'un sonar multifonctions et de missiles Exocet. Le système global de navigation reçoit les équipements de navigation et de radiolocalisation les plus récents. Cette configuration sert de modèle pour la refonte de la classe Redoutable. Il est retiré en service en 2008, la même année que la mise en service prochaine du Terrible dernier SNLE NG mis en service de la classe Le Triomphant. Il est en déconstruction depuis janvier 2023.
furieux- Hauptmann
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