RUS -- Scud (R-11, R-17 et R-300)

Le terme Scud désigne une famille de missiles balistiques à courte portée développée à compter des années 1950 par l'Union soviétique.
Le terme provient de la désignation OTAN (SS-1b Scud-A) du missile soviétique R-11 et de ses déclinaisons postérieures les missiles R-17 et R-300 Elbrus, respectivement désignés à l'Ouest comme SS-1c Scud-B et SS-1d Scud-C. La première version du R-11 fut déployée en 1957 par l'Union soviétique.

Développement

Le missile soviétique R-11 est un descendant des travaux menés autour du missile balistique soviétique R-3, ce dernier dérivant de travaux menés à partir du V2 allemand de la Seconde Guerre mondiale. Il est développé par le bureau d'études Makeïev.

La propulsion s'inspire du missile allemand anti-aérien Wasserfall. Comme carburant, l'éthanol est remplacé par du kérosène. Plus important, l'oxygène liquide cède la place à l'acide nitrique comme oxydant. Si ce mélange est moins performant dans l'absolu (l'oxygène pur étant le meilleur oxydant possible), l'avantage d'utiliser des produits à l'état liquide en conditions ambiantes est une compensation appréciable : contrairement au V2, le Scud n'a pas besoin de techniques de cryogénie, ce qui facilite grandement son utilisation.

Des sous-marins de la marine soviétique furent équipés à la fin des années 1950 de Scud.
Le 16 septembre 1955, le R-11FM devient le premier missile balistique au monde lancé par un sous-marin. Le tir étant effectué par un bateau modifié de la classe Zoulou en surface.


Le missile R-17 fut quant à lui déployé à partir de 1965 et était capable de lancer une charge utile (ogive explosive ou à fragmentation, mais aussi arme chimique ou nucléaire) d'une tonne à 300 km (contre 130 km pour le R-11). Il s'agissait donc d'une arme tactique, destinée à frapper les troupes et infrastructures ennemies en arrière du front.

L'industrie de l'armement soviétique en produit environ 5 000 exemplaires à raison de 300 unités par an dans les années 1980.

Engagement

Plus de 2 400 ont été tirés au combat, souvent avec d'autres types de missiles ou de roquettes comme les Frog-7.

La première utilisation a lieu lors de la guerre du Kippour lorsque les forces armées égyptiennes lancèrent trois Scud-B le 22 octobre 1973 en direction de ponts israéliens. Ils étaient les premiers missiles balistiques tirés en opérations depuis 1945.
Le nom du Scud reste associé aux deux guerres du Golfe. Son usage fut particulièrement terrifiant pendant la « guerre des villes » entre le 12 février 1984 et le 20 avril 1988, pendant laquelle l'Iran et l'Irak utilisèrent 900 missiles sol-sol contre les centres urbains, dont environ la moitié était des Scud dotés d'ogives « conventionnelles »


Le premier Scud utilisé durant la guerre Iran-Irak fut tiré par l'armée irakienne le 27 octobre 1982 contre la ville de Dezfoul. En 1985, plus d'une centaine sont tirés par l'Irak. L'Iran ayant reçu des Scud de la Libye, les confia au Corps des Gardiens de la révolution islamique qui les utilisa à partir du 12 mars 1985. Le pays utilisera également des missiles provenant de Corée du Nord, puis des Hwasong-5, puis -6, produits par une usine construite avec son aide. Six cent trente deux missiles Scud et dérivés ont été tirés durant le conflit, dont 361 par les Irakiens et 271 par les Iraniens.

À la même époque, les forces soviétiques utilisent des Scuds durant la guerre d'Afghanistan à partir de 1985. Puis la République démocratique d'Afghanistan utilise entre 1 700 et 2 000 missiles durant la guerre civile afghane entre 1989 et 1992, ce qui en fait le plus gros utilisateur de missiles balistiques de l’Histoire. L'armée gouvernementale afghane commence ses tirs le 1er novembre 1988 avec un pic de 11 lancements lors de la journée du 6 juillet 1989, ceux-ci durant jusqu’à fin 1991 et faisant plusieurs milliers de victimes.

Deux ou trois Scuds furent tirés par la Libye en direction de l'île italienne de Lampedusa le 15 avril 1986 en représailles à l'opération El Dorado Canyon. Ce premier tir de missiles balistiques contre l'Europe depuis 1945 ne fit pas de dégâts.

Liste des conflits :

• guerre du Kippour
  
• Guerre Iran-Irak
  
• Guerre civile en Afghanistan
  
• Guerre du Golfe
  
• 1994 Guerre civile au Yémen
  
• Guerres tchétchènes
  
• Guerre civile libyenne
  
• Guerre civile syrienne
  
• Guerre civile yéménite (2015-présent)
  
• Guerre du Haut-Karabakh (2020)
  

Utilisateur

Le R-17 fut exporté par l'URSS dans nombre de pays satellites. Les Soviétiques fabriquèrent des variantes beaucoup plus avancés mais ils ne furent déployés qu'en petit nombre et pas exportés ; le R-17 reste de loin la version la plus connue.

Opérateurs actuels

•  Algérie  
  
•  Arménie  
  
•  République Démocratique du Congo  
  
•  Egypte  
  
•  L'Iran  
  
•  Kazakhstan  
  
•  Libye  
  
•  Birmanie  
  
•  Corée du Nord  
  
•  Oman  
  
•  Syrie  
  
•  États-Unis : acquis en 1995, et convertis en cibles par Lockheed Martin
  
•  Viêt Nam  
  
•  Yémen
  

Anciens opérateurs

• République islamique d'Afghanistan
  
• République démocratique d'Afghanistan
  
•  Biélorussie
  
•  Bulgarie
  
•  Tchécoslovaquie
  
•  République tchèque
  
•  Allemagne de l'est
  
•  Hongrie
  
•  Irak
  
•  Pologne
  
•  Roumanie
  
•  Russie
  
•  Yémen du Sud
  
•  l'Union soviétique
  
•  Slovaquie
  
•  Emirats Arabes Unis
  
•  Ukraine
  

sources :
https://encyclopedie-des-armes.com
https://www.globalsecurity.org
https://nuke.fas.org/
https://www.senat.fr/

Variantes

D'autres variantes développées étaient le R-17 (plus tard R-300 ) Elbrus / SS-1c Scud-B en 1961 et le SS-1d Scud-C en 1965, qui pouvaient tous deux transporter soit un explosif conventionnel, soit un 5- thermonucléaire de 80 kilotonnes ou une ogive chimique ( VX épaissie ). La variante SS-1e Scud-D développée dans les années 1980 peut fournir une ogive à guidage terminal capable d'une plus grande précision.

Scud-A

Le premier de la série "Scud", désigné R-11 Zemlya (Code Otan : SS-1B Scud-A / indice GRAU : 8А61/8К11) est né d'une exigence de 1951 pour un missile balistique avec des performances similaires à la fusée allemande V-2.
Le R-11 a été développé par l'ingénieur Viktor Makeev, qui travaillait alors dans l' OKB-1, dirigé par Sergey Korolev.
Le missile a volé pour la première fois le 18 avril 1953, était équipé d'un moteur Isayev utilisant du kérosène et de l'acide nitrique comme propulseur.
Le 13 décembre 1953, un ordre de production à grande échelle a été passé avec le SKB-385 à Zlatoust, une usine dédiée à la production de fusées à longue portée.

En juin 1955, Makeev a été nommé concepteur en chef du SKB-385 pour superviser le programme et, en juillet, le R-11 a été officiellement accepté dans le service militaire.
Le R-11M définitif, conçu pour transporter une ogive nucléaire, a été accepté officiellement en service le 1er avril 1958.
Le système de lancement a été placé sur un châssis IS-2 et a reçu la désignation GRAU 8K11 ; seuls 100 lanceurs Scud-A ont été construits.


sous variantes :
R-11 (indice GRAU - 8А61) : Version initiale.
R-11M (indice GRAU - 8K11) : version modernisée du R-11 en termes de possibilité d'installer une ogive nucléaire.
R-11FM (indice GRAU - 8A61FM) : modification navale du missile R-11 pour le lancement en surface à partir de sous-marins.
R-11MU (indice GRAU - 8K12) : projet de missile R-11M amélioré, abandonnée suite au développement du R-17
R-11A : fusée géophysique soviétique à un étage à propergol liquide (non militaire)

Scud-B

Le successeur du R-11, le R-17 Elbrus (SS-1C Scud-B / indice GRAU : 9K72), rebaptisé R-300 dans les années 1970, fut le plus prolifique de la série, avec une production estimée à 7 000 exemplaires.
Il a servi dans 32 pays et quatre pays en plus de l'Union soviétique ont fabriqué des versions copiées.

• L'Irak (minimum de 10 TEL et 840 Scud-1c reçus entre 1984 et 1988 développe le Al Hussein),
  
• l'Iran (Shahab-1 et Shahab-2),
  
• la Corée du Nord,
  
• l'Égypte,
  
• la Libye
  
• la Syrie
  

Ainsi, l’Égypte, qui reçut des Scud en 1973, en livra en 1981 à la Corée du Nord qui, à partir de 1985, en livra à l'Iran et aida ce pays à en construire à son tour dans des usines, livrées également en kit à la Syrie en 1991

Le premier lancement a eu lieu en 1961 et il est entré en service en 1964.

Le R-17 était une version améliorée du R-11. Il pouvait transporter des armes nucléaires, chimiques, conventionnelles ou à fragmentation.
Au début, le Scud-B était transporté sur un lanceur monteur de transporteur à chenilles (TEL) similaire à celui du Scud-A, désigné 2P19 mais ne pouvant pas supporter le surplus de masse, un nouveau véhicule fut fabriqué, le MAZ-543, officiellement désigné 9P117 Uragan.


La séquence de lancement pouvait être effectuée de manière autonome, mais était généralement dirigée à partir d'un véhicule de commandement séparé.
Le missile est soulevé en position verticale au moyen de grues hydrauliques, ce qui prend généralement quatre minutes, tandis que la séquence totale dure environ une heure.

Scud-C

Le Makeyev OKB a également travaillé sur une version à portée étendue du R-17, connue en Occident sous le nom de SS-1d Scud-C, qui a été lancée pour la première fois depuis Kapustin Yar en 1965.
Sa portée a été augmenté à 500–600 km, mais au prix d'une précision et d'une taille d'ogive considérablement réduites.
Finalement, l'avènement de types plus modernes dans la même catégorie, tels que le TR-1 Temp (SS-12 Scaleboard), a rendu le Scud-C redondant, et il n'est apparemment pas entré en service dans les forces armées soviétiques.

Scud-D

Le projet R-17 VTO (SS-1e Scud-D) était une tentative d'améliorer la précision du R-17. L'Institut central de recherche scientifique pour l'automatisation et l'hydraulique (TsNIAAG) a commencé à travailler sur le projet en 1968, mais le premier lancement d'essai n'a été effectué qu'en septembre 1979. Le développement s'est poursuivi dans les années 1980 jusqu'à ce que le système soit accepté en service initial sous le nom de 9K720 Aerofon en 1989.

Cependant, à cette époque, des armes plus avancées étaient utilisées, telles que l' OTR-21 Tochka (SS-21) et le R-400 Oka (SS-23).
Le Scud-D n'a pas été acquis par les forces armées soviétiques. Au lieu de cela, il a été proposé à l'exportation en tant que mise à niveau pour les utilisateurs de Scud-B, dans les années 1990.


Contrairement aux versions précédentes de Scud, le 9K720 avait une ogive qui se séparait du corps du missile et était équipé de son propre système de guidage terminal.
Avec une caméra d'imagerie installée dans le nez, le système pourrait comparer la zone cible avec les données d'une bibliothèque informatique embarquée (DSMAC). De cette manière, on pensait atteindre une erreur circulaire probable (ECP) de 50 m.

Copie et modification d'autres pays

• Al-Husayn (Irak) : Version améliorée du missile Scud-B , l'al-Husayn a été largement utilisé par l'armée irakienne pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la guerre du Golfe (1990-1991).
  
• Al-Abbas (Irak) : Version à plus longue portée du missile al-Hussein conçu pour atteindre la majeure partie du Moyen-Orient, y compris le Détroit d'Ormuz.
  
• Al-Hijarah (Irak) : Mise à niveau du missile al-Hussein équipé d'ogives chimiques, développé en 1990. Utilisé pour la première fois dans la guerre du golfe Persique où le missile al-Hijarah libérait des nuages ​​​​de poison.
  
• Hwasong-5 (nord-coréen) : rétro-ingénierie des missiles Scud-B égyptiens. Mise en servie en 1985.
  
• Hwasong-6 (nord-coréen) : amélioration du Hwasong-5, augmentation de la précision et de la porté, réduction de la charge utile (770 kg).
  
• Hwasong-7 (nord-coréen) : premier missile nord-coréen à présenter des modifications importantes par rapport à la conception du Scud. (portée de 1 000 km et un CEP estimé à 2-4 km)
  
• Hwasong-9/Scud-ER (nord-coréen) : modification du Hwasong-6 pour une plus grande porté (entre 700 et 995 km) contre une réduction de la charge utiles (450 à 500 kg)
  
• Shahab-1 (Iran) : copie des Hwasong-5, utilisé entre 1987 et 2016
  
• Shahab-2 (Iran) : copie des Hwasong-6, utilisé entre 1990 et 2016
  
• Shahab-3 (Iran) : Hwasong-7 sous licence iranienne, produit en 2001 avec l'aide de la Russie.
  
• Qiam 1 (Iran) : Premier missile indigène, développé à partir du Shahab-2/Hwasong-6, produit à partir de 2010, premier tir le 18 juin 2017.
  
• Burkan-1 (Yemen) : Modification des Scud-B capturé par les forces houthies, dévoilé le 2 septembre 2016 lorsqu'il a été tiré vers l'aéroport international King Fahd.
  
• Burka 2-H (Yemen) : Missile basé sur le missile iranien Qiam 1 ou Shahab-2, découvert lors de son lancement en Arabie saoudite le 22 juillet 2017.