Hughes Aircraft AH-64 Apache

Introduction

   L’AH-64 Apache est un hélicoptère d'attaque tout temps fabriqué initialement par la société Hughes Aircraft de 1975 à 1984. McDonnell Douglas racheta Hughes Aircraft et produisit les apache de 1984 à 1997 avant d'être racheté par Boeing qui continue depuis 1997 de produire les dernières versions de l'AH-64.

   Contrairement aux hélicoptères conventionnels, le fuselage de l'Apache a été conçu pour continuer à évoluer au milieu d'un champ de bataille après avoir pris un coup au but.
L'habitacle et le moyeu du rotor principal sont capables de résister à des impacts multiples d'obus perforants/incendiaires de 23 mm tirés généralement par le redoutable ZSU-23-4 Shilka.    
   Cette protection est offerte par 1 100 kg de blindage en carbure de bore renforcé avec du nylon. Le pare-brise du canonnier ainsi que la verrière du pilote sont à l'épreuve des balles de calibre .50 et l'intérieur du cockpit est tapissé avec des plaques de Kevlar afin de limiter la propagation d'éclats en cas de perforation. Les sièges du pilote et du canonnier sont blindés au niveau du dossier et des côtés. Toujours dans le but d'augmenter les chances de survie, un écran blindé transparent sépare le pilote et le canonnier.

Développement

   L'United States Army avait exprimé, en 1972, le besoin d'un hélicoptère de combat conçu pour effectuer des missions antichar par tous les temps, de jour comme de nuit.

   Une première machine de cette catégorie, le Lockheed AH-56 Cheyenne, n'avait pas été retenue car trop complexe et concurrençant trop les avions de l'United States Air Force par sa vitesse, et pendant la guerre du Viêt Nam, le seul véritable hélicoptère de combat engagé en opérations fut le Bell AH-1 Cobra. Construit à plusieurs milliers d'exemplaires, cet hélicoptère était cependant dans l'incapacité d'opérer de nuit ou par mauvais temps. Pendant les années qui suivirent, plusieurs versions du Cobra conçues en vue de corriger de telles insuffisances furent mises au point, mais l'US Army ne perdit jamais de vue le fait qu'il lui faudrait un jour disposer d'un véritable hélicoptère de combat.

   De telles caractéristiques impliquaient la réalisation d'un hélicoptère lourd, puissant et coûteux. L'US Army, qui était décidée à mener cette entreprise jusqu'à son terme, mit en place un programme, l'Advanced Attack Helicopter le 15 novembre 1972.
Bell, l'association Boeing Vertol/Grumman, Hughes, Lockheed, et Sikorsky répondirent à l'appel d'offres, dont les finalistes furent choisis en juillet 1973 : Hughes et Bell.
Bell proposait son Model 409 (YAH-63A) et Hughes son Model 77 (YAH-64A).
   Les deux machines étaient propulsées par des turbomoteurs General Electric, mais Hughes avait placé ces derniers à l'extérieur du fuselage, dans des nacelles d'où sortaient des arbres de transmissions inclinés. Ce fut son projet qui fut finalement retenu le 10 décembre 1976.


   Le premier prototype volant de l'YAH-64, qui avait été également désigné Air Vehicle 0, décolla le 30 septembre 1975. À ce moment, la configuration de l'hélicoptère Hughes avait été modifiée en profondeur. Le principal changement était la mise en place d'un empennage en T (à l'origine, les stabilisateurs monoblocs étaient implantés dans la poutre de queue). De très nombreuses transformations furent apportées à l'Apache au cours des huit années suivantes.
   Un accord définitif de production fut signé le 26 mars 1982 pour un total initial de 11 Hughes Apaches AH-64A. Finalement, le 30 septembre 1983, le premier AH-64A de série quitta les chaînes de montage et fut livré en janvier 1984 à la United States Army Aviation Branch.

   Dès la conception de la cellule, certains composants vulnérables ont été délibérément surdimensionnés afin de continuer à fonctionner lorsqu'ils sont endommagés, ainsi le moyeu du rotor principal a un diamètre de 18 centimètres au lieu des 8 centimètres prévus initialement. On insiste aussi sur la redondance des systèmes, déjà usuelle en aéronautique : ainsi les commandes, les circuits hydrauliques et électriques sont dédoublés. En plus d'être auto-obturants, les réservoirs tout comme le fuselage, sont conçus pour résister à la violence d'un crash. Les turbines sont par ailleurs implantées aussi loin que possible, afin d'éviter la perte des deux en cas d'impact direct sur l'une d'entre elles.
   Comme la majorité des hélicoptères biturbine, l'Apache est capable de voler avec une seule turbine.

   À partir de 1990, six ans après le rachat de Hughes Helicopters par McDonnell Douglas, le AH-64D, une version nettement améliorée au niveau de l'avionique et dotée d'un radar sous radôme au-dessus des pales, a été testée. Il est entré en service en 1995 et depuis plusieurs centaines d'AH-64A ont été convertis à ce standard.
Le 781e et dernier Apache AH-64D de l'US Army est entré en service le 30 octobre 2013, plus de 260 autres ont été exportés.


   Son système de vision nocturne, embarqué en pointe avant et destiné à la désignation d’objectif et à la poursuite de cible, est l'objet d'une modernisation à la suite d'un contrat remporté en novembre 2010 par Lockheed Martin. Les améliorations, inspirées en partie du programme annulé RAH-66 Comanche, concernent l'ensemble des sous-systèmes, de la centrale inertielle aux capteurs infrarouges thermiques en passant par le capteur bas niveau de lumière.

   La nouvelle version AH-64E, nommée jusqu'au 22 octobre 2012 AH-64D Block III, dont le premier exemplaire est livré à l'US Army le 2 novembre 2011 intègre, outre les modifications précitées, une capacité de prendre le contrôle à distance de drones et des moteurs T700-GE-701D d'une puissance unitaire de 2000 chevaux augmentant sa vitesse de combat à 304 km/h (soit 37 km/h de plus) ainsi que sa capacité d'emport. Il est prévu à cette date un total de 690 exemplaires ayant ce standard en 2026 dont 56 nouveaux appareils et 634 remis à niveau.
   Il est prévu une re-motorisation dans les années 2020 avec des turbomoteurs plus puissants et moins chers à l'entretien, dans le cadre du programme Advanced Affordable Turbine Engine. Le futur moteur, soit Honeywell/Pratt & Whitney HPW3000, soit General Electric GE3000, devra avoir une puissance de 3 000 ch, soit une augmentation de 50 % de puissance par rapport à l'actuel turbomoteur General Electric T700, avoir une réduction de consommation de carburant de 25 %, permettre une diminution de 35 % des frais de maintenance et une durée de vie plus longue de 20 %. Une production initiale à faible cadence est prévue à partir de 2022/2023.

   Son remplacement doit avoir lieu à partir du milieu des années 2030 par un appareil dont on estime, en janvier 2014, que le premier vol doit avoir lieu en 2017....

Utilisateurs

Malgré son coût, cet appareil connaît une carrière respectable à l'exportation, où il est le plus vendu des hélicoptères d'attaque contemporains : sur les 1 048 Apaches construits en 2000, plus de 200 ont été livrés hors des États-Unis. En juillet 2019, il est en service dans 14 pays, en juin 2020, 17 en ont commandés :

• Australie
  
• Arabie saoudite
  
• Corée du Sud
  
• États-Unis
  
• Égypte
  
• Émirats arabes unis
  
• Grèce
  
• Inde
  
• Indonésie
  
• Israël
  
• Maroc
  
• Pays-Bas
  
• Qatar
  
• Royaume-Uni, connu sous le nom d'AgustaWestland Apache AH-1 équipé de moteurs Rolls-Royce Turbomeca RTM322.
  
• Singapour
  
• Taïwan
  
• Japon, production sous licence à Fuji Heavy Industries.
  

Utilisation au combat

L'AH-64 Apache fit ses premières armes dans la United States Army Aviation Branch au cours de l'invasion de Panama en 1989, lors de l'opération Just Cause. Il participa également à la première guerre du Golfe en 1990-1991. Le 17 janvier 1991, 8 AH-64A guidés par 4 MH-53 Pave Low III effectuèrent la première mission de combat de l'opération Tempête du Désert en détruisant plusieurs stations radar irakiennes, permettant aux premières vagues d'avions de combat alliés de rentrer dans l'espace aérien irakien sans être détectées.


L'AH-64 fut déployé dans les Balkans au cours des années 1990, lors des conflits en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo.
L'AH-64 est engagé dans les conflits en cours en Afghanistan et en Irak. Ses résultats sur ce terrain d'opération sont d'abord mitigés : il requiert des opérations de maintenance très lourdes et répétées qui réduisent fortement sa disponibilité. Les accidents et tirs amis sont restés fréquents et composent la majorité des pertes enregistrées. Les troupes au sol semblent massivement lui préférer l'A-10 Thunderbolt II lors de leurs demandes d'appui aérien. L'appareil a confirmé ses capacités de destruction de blindés, mais son domaine de vol à très basse altitude l'expose fortement aux tirs ennemis et de nombreux appareils ont été endommagés au combat.

L'Arabie saoudite a engagé ses Apaches depuis 2015 dans la guerre du Yémen.



Sources :
https://www.boeing.fr/
https://www.helicopassion.com
https://aviationsmilitaires.net
http://www.strategic-bureau.com
https://www.techno-science.net

AH-64A

L' AH-64A est le premier modèle, il est entré en production en 1982 et a été mis en service en 1984, en 2008 il était encore en service opérationnel dans plusieurs pays, dont les États-Unis.

Plusieurs problèmes sont survenus avec le modèle « A ». Bien que l' AH-64A Apache puisse détecter un véhicule à une grande distance, il ne peut pas facilement différencier un véhicule ennemi d'un véhicule ami. De plus, lors d’une journée très chaude, le reflet du sol peut émettre plus de chaleur qu’un véhicule, ce qui le rend difficile à localiser. Et par une nuit froide, un véhicule émet très peu de chaleur, ce qui rend difficile sa localisation par l' Apache.
De plus, l'AH-64A ne peut pas attaquer des cibles cachées derrière des arbres, car après avoir cessé d'éclairer la cible, le missile n'est pas non plus guidé vers la cible.

Pour résoudre ce dernier problème, l'armée américaine a utilisé l'hélicoptère OH-58D Kiowa Warrior, qui intègre un système de désignation sur le mât rotor, permettant de guider les Hellfires de l'AH-64A Apache.


Certains hélicoptères AH-64A ont été modifiés pour la formation et les tests :
GAH-64A : Version au sol de l' AH-64A pour la formation technique, au moins 17 hélicoptères AH-64A ont été modifiés pour cette version .
JAH-64A : Version de l' AH-64A pour des tests spéciaux, 7 hélicoptères AH-64A ont été modifiés vers cette version et l'un d'entre eux a ensuite été remis au standard.

AH-64B

En 1991, après l'opération "tempête du desert", le modèle AH-64B était une proposition visant à moderniser 254 Apaches américains AH-64A. La mise à niveau comprenait de nouvelles pales de rotor, un système de positionnement global (GPS), des systèmes de navigation améliorés et de nouvelles radios. Le Congrès des États-Unis a approuvé un budget de 82 millions de dollars pour commencer la mise à niveau vers le modèle Apache B, mais le programme a été annulé en 1992.
Des modifications de radio, de navigation et de GPS seront ensuite installées sur la plupart des modèles Apache A.

AH-64C

À la fin de 1991, le Congrès des États-Unis a fourni des fonds pour financer un programme visant à mettre à niveau l' AH-64A vers une version AH-64B+. Mais une livraison de fonds supplémentaires a modifié le plan précédent pour les mettre à niveau vers ce qui serait la troisième version, l'AH-64C.
La nouvelle version C inclurait les moteurs T700 -GE-C et tous les changements qui devaient être inclus dans la version B.

Après 1993, la désignation C a été abandonnée, mais les mises à jour se poursuivraient. La seule différence entre le modèle C et le modèle D équipé d'un radar était précisément le radar, qui pouvait être échangé d'un hélicoptère à l'autre, il a été décidé de ne pas faire de distinction entre les deux versions, qu'elles aient ou non un radar intégré.

AH-64D

Le modèle le plus avancé, l' AH-64D Apache Longbow, est équipé d'un certain nombre de capteurs et de systèmes d'armes améliorés.
L'amélioration majeure par rapport à la variante A est le radôme AN/APG-78 Longbow monté sur l'arbre du rotor principal, qui abrite une fréquence extrêmement élevée, ainsi que le RFI (interféromètre de fréquence radar). La position élevée du radar permet la détection de cibles et le guidage de missiles vers ces cibles même lorsque l'hélicoptère lui-même est caché par un obstacle (par exemple un terrain, des arbres ou des bâtiments). De plus, un modem radio intégré à la suite de capteurs permet à l'AH-64D de partager des informations sur la cible avec d'autres AH-64D qui n'ont pas de visibilité directe sur la cible. De cette façon, un groupe d' Apache peut s'occuper de plusieurs cibles, mais uniquement en utilisant le radar de conduite de tir d'un des Apache modèle D.
Les Apache qui incluent toutes les améliorations et mises à jour du modèle AH-64D Longbow, à l'exception des radars de contrôle de tir sont également désignés sous le nom de « AH-64D Apache Longbows », le radôme peut être retiré et est interchangeable entre les hélicoptères.


L'hélicoptère a été amélioré avec des moteurs T700-GE-701C plus puissants et une cabine d'équipage entièrement intégrée. La partie avant du fuselage a été agrandie pour accueillir de nouveaux systèmes. De plus, l'AH-64 a bénéficié de capacités de survie, de communication et de navigation améliorées. La plupart des capacités existantes de l'AH-64A Apache ont été conservées.
Le premier des Apaches mis à niveau vers le bloc II a été livré à l' armée américaine en février 2003. Le bloc II comprend des mises à niveau des systèmes de communications numériques pour améliorer les communications avec « l'Internet tactique ».

Les améliorations du bloc III, prévues après 2008, comprennent une numérisation accrue, un système radio tactique commun, des moteurs et des systèmes de transmission renforcés, la capacité de contrôler des véhicules aériens sans pilote (UAV), de nouvelles améliorations du rotor à pales composées et du train d'atterrissage. Les nouvelles pales, qui ont été testées en vol avec succès en mai 2004, ont augmenté la vitesse de croisière, le taux de montée et la capacité de charge utile de l'Apache.
Le contrat pour le développement et la démonstration du système Block III (SDD) a été attribué à Boeing en juin 2005.

AH-64E

Anciennement connu sous le nom d'AH-64D Block III, en 2012, il a été renommé AH-64E Guardian.
Les changements dans les lots de production 4 à 6 incluent un système cognitif d'aide à la décision et de nouvelles capacités d'autodiagnostic. Le radar Longbow mis à jour a une capacité outre-mer, permettant potentiellement des frappes navales ; un radar AESA est à l'étude.

AH-64F

En 2014, Boeing a conceptualisé une mise à niveau d'Apache avant l'introduction de la version d'attaque prévue par l'armée américaine du futur avion à levage vertical (FVL), qui devrait remplacer l'Apache d'ici 2040. Le concept AH-64F aurait une plus grande vitesse grâce à un nouveau 3 000 un turbomoteur shp du programme de moteurs à turbine améliorés , un train d'atterrissage rétractable, des ailes tronquées pour décharger la portance du rotor principal pendant la croisière et un rotor de queue qui peut s'articuler à 90 degrés pour fournir une poussée vers l'avant.
En octobre 2016, l'armée a révélé qu'elle ne poursuivrait pas une autre mise à niveau d'Apache pour se concentrer sur le financement de FVL ; l'armée continuera d'acheter l'Apache tout au long des années 2020 jusqu'à la fin de la chaîne de production de Boeing en 2026, puis le FVL devrait être mis en service en 2030.

Westland WAH-64 Apache

Le WAH-64 Apache est une version de l' AH-64D Apache Longbow fabriquée au Royaume-Uni par Westland sous licence de Boeing Integrated Defense Systems.
67 hélicoptères WAH-64 ont été fabriqués pour l'armée britannique, qui les a désignés Apache AH Mk1.
Les changements par rapport à l' AH-64D incluent des turbomoteurs Rolls-Royce Turbomeca RTM322 de 2 100 CV (1 566 kW) chacun​ et un joint à lame repliable lui permettant de fonctionner à partir de navires.

Sea Apache

Le Sea Apache était un projet qui n’a pas abouti. Entre 1984 et 1987, McDonnell Douglas a proposé une version navale de l' AH-64A au Corps des Marines et à la Navy des États-Unis.
À cette fin, plusieurs concepts avec train d'atterrissage modifié, avionique et armes améliorées ont été étudiés.
Mais comme le financement de la version navale n'a pas été fourni, le Corps des Marines a continué à utiliser l' hélicoptère d'attaque AH-1 SuperCobra en 2008, pour lequel il a déjà développé un remplaçant modernisé, l' AH-1 .1Z Viper qui est en phase de production ; et la Marine continue d'utiliser le multirôle SH-60 Seahawk.

Tout les versions d'apache peuvent porté le même armement.

Emport interne

L'AH-64 est équipé d'un canon M230 de 30 mm doté de 1 200 cartouches, situé sous le poste du tireur.
Le canon a une capacité 360° en azimut mais limité à ±86° sur l'hélicoptère il peut s'incliner à +11° et à -60° verticalement, ce qui lui permet un grande capacité de tir quelque soit la position de l'hélicoptère.
Sa cadence de tir est de 625 coups/min et peut être contrôler par le TADS (viseur d'acquisition et de désignation de cible) ou l'IHADSS (viseur casque)

Emport externe

De plus il dispose de 4 points d'attache sur les ailes tronquées et peut transporter divers missiles.
L'armement est adapté en fonction des exigences de la mission :

• jusqu'à 16 missiles guidés antichar AGM-114R Hellfire 2
  
• deux AIM-9 Sidewinder pour l'autodéfense
  
• quatre AIM-92 Stinger
  
• quatre missiles air-air Mistral
  
• deux missiles anti-radiations air-sol AGM-122 Sidearm
  
• jusqu'à quatre nacelles à 19 roquettes non guidées Hydra 70
  
• jusqu'à quatre réservoir additionnel pour les longs parcours (non utilisé en combat)